L’urgence climatique, la croissance des disparités et de la pauvreté, la crise du logement. Ces questions complexes et épineuses constituent un obstacle à la qualité de vie dans les villes canadiennes. Elles sont interreliées et les stratégies d’intervention pour l’une ont un impact sur les autres. En comprenant et en s’attaquant à la pauvreté énergétique, les décideurs peuvent faire progresser un certain nombre de ces priorités cruciales et s’assurer que nous ne laissons personne pour compte dans la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

QU’EST-CE QUE LA PAUVRETÉ ÉNERGÉTIQUE ?

La pauvreté énergétique fait référence à l’expérience des ménages ou des collectivités qui ont de la difficulté à chauffer et à climatiser leur maison et à alimenter leurs éclairages et leurs électroménagers. Ceux qui se trouvent dans cette situation sont confrontés à de multiples défis et impacts, notamment:

  • Sentir un inconfort à vivre dans des maisons froides et sujettes aux courants d’air.
  • Faire face à des perturbations causées par des interruptions abruptes des services publics, comme l’incapacité de cuisiner et la perte d’aliments.
  • Devoir sacrifier d’autres biens essentiels comme l’épicerie et les médicaments afin de payer les factures d’énergie.
  • Faire face à une augmentation de l’incidence des maladies respiratoires chez les enfants et les nourrissons.
  • Subir un niveau de stress plus élevé et des problèmes de santé mentale chez les adultes.
  • Avoir de la difficulté à participer pleinement à la vie communautaire.

COMMENT MESURE-T-ON LA PAUVRETÉ ÉNERGÉTIQUE?

Les chercheurs peuvent mesurer la pauvreté énergétique à l’aide d’un ou de plusieurs indicateurs lorsque ceux-ci sont disponibles, y compris les coûts de l’énergie à usage domestique par rapport au revenu du ménage, la perception subjective du confort, le niveau d’accès au réseau électrique ou aux technologies énergétiques propres, et la fréquence des interruptions de services. Bon nombre de ces indicateurs, bien qu’accessibles en Europe, ne sont pas disponibles au Canada, où le problème de la pauvreté énergétique en est à ses débuts. Par conséquent, Canadian Urban Sustainability Practitioners (CUSP) et ses partenaires du milieu universitaire s’appuient sur les coûts en énergie à usage domestique pour mesurer la pauvreté énergétique. En se fondant sur cet indicateur, les ménages qui assument une part disproportionnée du coût de l’énergie à usage domestique sont considérés comme étant en situation de pauvreté énergétique.

Le coût en énergie à usage domestique correspond au pourcentage du revenu total après impôt des ménages qui est consacré au chauffage résidentiel et à l’électricité. Pour la plupart des Canadiens, cette valeur est inférieure à 3 %, c’est-à-dire que le ménage canadien médian dépense moins de 3 % de son revenu après impôt pour combler ses besoins en énergie à usage domestique.

Les ménages qui dépensent plus du double de cette valeur pour avoir accès aux services d’énergie à usage domestique sont considérés comme étant aux prises avec des coûts en énergie à usage domestique disproportionnés. Afin d’alimenter les discussions sur les politiques à suivre, CUSP utilise ce seuil de 6 % du coût en énergie à usage domestique pour définir les ménages qui sont en situation de pauvreté énergétique.

À l’aide des données du Recensement de 2016, l’outil d’exploration sur la pauvreté et l’équité énergétique de CUSP permet aux utilisateurs de visualiser plusieurs niveaux de coûts de l’énergie à usage domestique, ainsi que d’autres variables comme les indicateurs de qualité et d’abordabilité du logement, les indicateurs de revenu et de pauvreté et les indicateurs de racialisation à diverses échelles géographiques.

QUI EST CONFRONTÉ À LA PAUVRETÉ ÉNERGÉTIQUE?

Il n’y a pas de scénario « typique » ou de cause unique. La pauvreté énergétique touche des ménages aux revenus variés et des personnes qui vivent dans divers types de logements partout au pays. (Notre document d’information sur la pauvreté énergétique offre un aperçu plus complet.)

CUSP’s preliminary analysis of energy poverty rates among racialized, recent immigrant, and Indigenous households indicates that the impacts of structural racism are evident in the higher rates of energy poverty likely to be experienced by traditionally marginalized communities. Il n’y a pas de scénario « typique » ou de cause unique. La pauvreté énergétique touche des ménages aux revenus variés et des personnes qui vivent dans divers types de logements partout au pays.

OÙ LA PAUVRETÉ ÉNERGÉTIQUE EST-ELLE LA PLUS RÉPANDUE ?

Bien que les décideurs et les chercheurs canadiens reconnaissent que la pauvreté énergétique constitue un défi de taille, particulièrement dans le Canada atlantique, ils n’ont pas eu jusqu’ici les outils pour la mesurer, la comprendre et identifier les autres domaines et groupes où elle est répandue. Pour combler cette insuffisance de données et de connaissances, CUSP a développé en 2019 l’outil d’exploration sur la pauvreté et l’équité énergétique.

L’outil, dont le lien est accessible ci-dessous, permet aux décideurs d’explorer et de comprendre la prévalence et l’ampleur de la pauvreté énergétique dans différents quartiers, villes et provinces. En mesurant les coûts de l’énergie à usage domestique en même temps que l’existence de catalyseurs et d’indicateurs comme l’âge, le type, l’état et l’abordabilité du logement, le revenu du ménage et la pauvreté, les décideurs et les gestionnaires de programmes peuvent mieux cibler, traiter et surmonter ses causes profondes.

L’outil comprend également des données démographiques qui permettront aux décideurs, aux gestionnaires de programmes et aux organismes de défense des droits œuvrant dans les domaines de l’action climatique, de la réduction de la pauvreté et de la justice sociale d’examiner dans quelle mesure la pauvreté énergétique aggrave les inégalités existantes et les problèmes de qualité de vie des collectivités traditionnellement mal servies. Ces indicateurs de pauvreté énergétique et d’équité sont disponibles à différentes échelles géographiques et sont mesurés à un niveau aussi précis qu’à partir des quartiers de zones urbaines.